Vendredi 6 Mai - 17h04 - Acte 16 - Le Merovingien. Nous devons nous rendre dans le VI arrondissement. Des embouteillages en perspectives, c'est en plein cœur de Paris, et à cette heure, espérons que nous arriverons avant la fermeture. Nous arrivons dans une petite rue pavé, ou se trouve un nombre incalculable de petits bouquinistes. Les devantures sont anciennes, passées, flétries comme les ouvrages qu'ils renferment. Certaines sont spécialisées, à l'angle des rues parfois de belles devantures avec des livres rares et une mises en scène raffinée pour mettre ces ouvrages anciens et magnifiques avec leur papier vélin, reliure finement travaillée, dorure sophistiquée, lithographie fine, jaunie et fontes disparues. Notre boutique, les clés d'Hadès , se trouve au milieu d'une veinelle, derrière l'abbaye. Un nom étrange, quand on sais pourquoi nous venons là. Edouard nous révèle justement l'étrangeté du nom. - Hadès est une divinité chthonienne c'est une des divinités anciennes ayant contribué à la formation du Pantheon grec. Elles sont dites « chthoniennes » (du grec ancien χθών / khthốn, « la terre ») ou « telluriques » (du latin tellus, « la terre ») parce qu'elles se réfèrent à la terre, au monde souterrain ou plutôt devrait on dire, aux Enfers... Son anecdote nous glace le sang, et cette impression s'accentue lorsque la clochette tinte à l'ouverture de la vieille porte vitrée. Des pendules, boules de cristal, tarot divers pour les prédictions, pendentifs de symboles occultes et inconnues remplissent les vitrines parmi des étagères chargées d'ouvrages insolites. L'au delà est un marché, il a ses éditeurs, ses écrivains , ses lecteurs. Indifférent il y a quelques jours, je comprenais l'ampleur de ce monde et tout ce que cette dimension engendrait comme remise en question de mes croyances. Quelques clients déambulent parmi le dédale d'étagères dans un silence pesant. Un acheteur parle à voix passe, comme dans une église, alors qu'il finalise une transaction avec une jeune vendeuse. Nous nous dirigeons vers le comptoir patiné et encombré d'ouvrages. - Nous aimerions rencontré le Mérovingien" s'empresse de dire Edouart. - D'abord bonjour ! c'est déjà un bon début. - Oui, exact... excusez nous ... bon... bonjour madame. Je pense direct : - merde une chieuse. -" Nul n'est parfait chez les bons hommes " je lui lance la fameuse phrase de Gailletan le majordome de Lucien. - Oui , c'est bien... mais encore. Voyant qu'elle ne pige rien, je réalise que dans notre empressement et notre fatigue ce n'est pas la bonne personne. - Nous aimerions parler avec le Patron du magasin. - Oui, je vais vous le chercher. Elle disparaît dernière une étagère et revient au bout de 2 minutes. - Veuillez me suivre, il va vous recevoir. Nous la suivons parmi le labyrinthe d'étagères et empruntons un escalier en colimaçon en fonte noir brillante et ajouré de motif art deco. Nous découvrons une grande voûte de pierres, un peu comme une nef. De vieux lutrins, chargés de livres immenses, des étagères couverte de rouleaux en papyrus, en vélin ou en peau, deux sofas en cuir craquelé et une chaise et son grand dossier d'origine hispanique meublent cet étage. Tout est authentique, ancien, véritable, originel... quelqu'un qui aime la tradition, le passé, les anciens savoirs, les légendes, les savoirs oubliés ou plus précisément les savoirs conservés, transmis... Le mérovingien trône au milieu de tout cela, debout, sa stature imposante nous impressionne, ses long cheveux blancs, ses lunettes d'écailles, et sa longue barbe me font penser à un druide, s'il ne portait pas un costume à carreaux de dandy. Sa voix grave et neutre, impose le respect. Les mots qu'il accentue ne laisse place à aucune controverse. - Vous êtes porteur de quelques choses de néfaste, une chose qui n'est pas de ce monde. Je lui tend la bague Nazi noir et or, représentant un soleil noir, bague de cérémonie d'un représentant de la société occulte de Vril. Il dirige sa main ouverte vers moi afin d'arrêter mon geste. tandis qu'il regarde son autre main fouiller un tiroir et sortir une boîte noire. - Mettez la dedans, elle est faite d'un matériau qui vient du même monde. Elle occultera ses pouvoirs. Je vois le lettré, le chercheur, la catin et le soldat... Une belle distribution pour cette farce de la vie, où vous, les pantins couraient de-ci de-là. - Pourquoi êtes vous venu ? -" Nul n'est parfait chez les bons hommes " - Vous venez de la part de qui ? - Nous venons de la part de Gaëtan Delonsac. - Et dans quel but ? - Je désir parler à mon défunt père. - Parler au mort... hum ! ouvrir certaine porte se révèle dangereux. Vous récoltez toujours ce que vous y amené... Les résultats peuvent être imprévisibles, voir dangereux... Sa voix résonne dans la nef...Il se dirige vers la grande chaise de bois ouvragé noire, à l'assise capitonnée d'un cuir craquelé. Il la soulève d'un geste nonchalant et sans effort. Il la positionne au centre de la pièce et m'ordonne: - asseyez vous ! Sheila ? c'est cela ? prenez ceci et délimitez un cercle de sel autour de lui, désignant du même coup de son doigt déformé par l'arthrose un point sur le parquet ciré, précisant ainsi la dimension du rayon. Et vous ! Edouard ? prenez cette craie noir et tracez moi un pentacle. Paul à droite, Edouard à gauche, Sheila derrière Jean. surtout ne rentrez pas dans le pentacle, vous devez empêcher votre ami de sortir par tout les moyens. C'est bien compris ? nous toisant du regard et sondant notre volonté. Edouard sort son 45, le manipule, sort le chargeur est enlève les cartouches une à une. Le Mérovingien allume des braseros, des bâtons d'encens et commence de sa voix guttural à psalmodier dans une langue inconnue. C'est entre du latin et du grec... Les flammes des braseros vacillent, un vent froid et tourbillonnant né autour de Jean. Le druide lance une poudre et le vent devient une brume épaisse. La Litanie entre et s'infiltre peu à peu dans nos esprits, nos corps, nos cœurs. Elle nous délasse, nous détend, nous nous abandonnons. Cette litanie vide notre esprit, le nettoie de tout mal... nous sommes sereins et en paix avec nous même. Nous oublions tout... - Qui est tu ? - Jean... c'est mon esprit qui parle à ma place, j'entends ma voix au loin, très loin... dans un autre monde La brume tourne, une forme semble apparaître - Tu veux parler à qui ? - Jacques - Es tu son fils ? - Oui, je le suis. La fumée mouvante, tourbillonnante, et la silhouette de père se matérialise dans tout se mouvement, se reconstruisant à chaque volute. - Père, ton second, le professeur Decaussais veut faire une cérémonie pour l'initier... j'ai à peine fini ma phrase que - C'est un traître, tue le.. Decaussier... tue le... Müller.... tue le... Golmen ... tue les tous. Ils m'ont trahis. Ils ont éprouvé le premier passage... Ces fous ! Des pantins ! Vessek l'avait fait en 40. Müller veut recréer la même chose ! L'idiot, il n'a rien apprit. Ils veulent recréer la secte de Thulé ... Des irresponsables, il y a des choses que nul ne peut contrôler, c'est eux qui nous contrôle. Allez en Cephaliss, vous trouverez des armes pour combattre les Totemkopfs. Votre armement ne vous servira à rien contre ses créatures, ses engeances du soleil noir... Mon corps se trouve dans la crypte de Montmartre... Tuez les tous..