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Samedi 7 Mai - 1h36 - Acte 18 - L'attentat. Le 6 cylindres de la Mercedes-Benz 220 S ronronnent à plein régime. la voiture file en direction de Versailles. Sheila, dort, elle s'est effondrée après la vue du corps de Jacques dans la crypte. Nous sommes aussi tous affectés, personne n'ose parler. Je suis devant, j'ai sorti un plan de Paris et de sa région et je fais office de co-pilote. Nous avons décidé, de nous rendre au Trianon, le café de Versailles. Nous avons trouvé une pochette d'allumettes déchirée dans l'appartement de Maude St Claire. C'est juste une petite reconnaissance avant de retourner à Compiègne. Les boulevards sont déserts à cette heure. Edouard file à toute allure. Au bout de 25 minutes, nous arrivons sur les lieux. Le nom du café subodore, comme dirait Sheila, la proximité avec le célèbre château. J'essaye tant bien que mal, avec mon plan déplié et ma lampe, à nous situé en temps réel. Paul crie soudain dans mes oreilles et en tendant son bras :" Là le panneau, c'est à gauche. Un panneaux "château de Versailles" se dresse à l'intersection. Edouard donne un coup de volant un peu brusque. La tête de Sheila endormie, vient cogner sur la vitre de portière . - " Aie, fais chier " Nous arrivons vers 2h du matin, et mettons plus de 15 minutes avant de localiser exactement le café. C'est un bar-tabac, qui fait office aussi de Paris mutuel PMU. L'endroit est désert, aucune lumière, il est bel et bien clôt. -"Qui déjà nous a dit qu'il serait encore ouvert ?" demande Paul tout en scrutant les alentours. - " ché pas" lui répond Edouard De rage ou pressé d'aller se coucher, il appui sur le champignon et c'est vers trois heure du matin que nous arrivons au manoir de Compiègne. Nous rentrons sans aucun problème. Jean Vigo dort à poing fermé. C'est affligeant de voir autant de laisser aller. Nous montons directement dans les chambres, nous sommes littéralement vannés. Je prends soin de régler un énorme réveil blanc sur 7 heure du matin. Sans avoir le temps de me dévêtir, je m'effondre. La trotteuse égrène les secondes et au passage à la verticale, du 7 heure pile, le mécanisme libère un loquet. Le ressort comprimé en spirale décharge son énergie, le marteau se met en branle frénétiquement contre les deux timbres. Une sonnette aigu et stridente se met à résonner dans tout le manoir. Mon bras part à taton à la recherche du réveil sur le chevet. Maladroitement, ma main vient bousculer le martyr de mes oreilles. Il bascule et tombe entre le meuble et le mur. Le bruit, avec une des sonnettes bloquées délivre maintenant outre une gamme plus étendus mais aussi un tremblement sourd dans le mur et le meuble. - " C'est pas fini ce bordel " La voix grave du fumeur de " Gitannes" brunes se fait entendre. Jean est réveillé, et du mauvais pied... Reste plus à espérer que ce ne soit pas du côté de sa jambe blessée, sinon la journée va être terrible. Je me lève précipitamment à la recherche du mécanisme maudit. Je réalise qu'il est bloqué entre le lit et le mur. Je tente de le retiré, mais il est belle est bien bloqué. Je me dirige vers le pied de lit, et exerce une poussée sec afin de le faire glisser. Celui-ci dans un grincement ripe, le réveil se débloque et tombe dans un tintamarre des plus aigus. Alors que je me dirige de nouveau vers le mur, le tintement se meurt dans des cliquetis sporadiques du ressort détendu. Tous sont là, à la porte, les cheveux en batailles, les yeux gros et hagards à me regarder en train de ramasser l'objet du délit. - " He bien ! C'est pas trop tôt, tu peux serrer la main au manchot. Tu en tiens une de ces couches, l'amie." - " J'aurais bien fait la grâce matinée " Sheila avec sa chevelure pleine d'épis, serre contre sa nuisette mauve, un édredon. Edouard légèrement derrière, l'air éteint, les yeux quand a lui, à peine ouverts, reluque le creux du décollé boosté par l'oreiller. - " Mais t'es pas bien ! de faire un tels raffut ! Tu es un grand malade ! " - " Debout tout le monde ! Aujourd'hui, c'est la fin de ce monde " Je me met au garde à vous, le bras posé sur le coeur. - " Nous devons le sauver " d'un air solennelle. Un peu plus tard, nous nous retrouvons autour de la table noire laquée du séjour. Une corbeille en osier tressée est garni d'une quinzaine de croissants, au centre de la table, à ces côtés, deux baguettes bien dorées, le tout avec l'odeur de viennoiserie, pain fraîs et café qui vient nous chatouiller les narines. Mais le doute s'immisce dans mon esprit. - " Mais d'où vient le pain fraîs ?" Jean me répond : " C'est moi, je l'ai fait livré ce matin de la boulangerie du village." - Bordel ! mais c'est n'importe quoi ! Tchang nous as donné comme recommandation absolue, de ne pas allez en ville. - Ouai et bien j'avais faim... et j'vais pas me nourrir de boîtes tout les jours. Je soupire... il vaut mieux laissé tomber. Nous quittons quelques minutes plus tard, le manoir avec la mercedes et son coffre plein du matériel des chinois. Jean est venu avec nous pour nous rendre à la grand synagogue. C'est rue de la Victoire, dans le IX arrondissement. Un bâtiment immense, en pierre grise, de style roman fleuri, enjolivé de fioritures byzantine. Le fronton semi-circulaire comporte une inscription dans une langue inconnue. Edouard lance :" c'est de l'Hebreu et cela veut dire : Ce n’est autre que la maison de Dieu, c’est la porte du ciel. Une grille noire, massive bloque les trois arches du péron. Dans le hall, nous trouvons des kipas à disposition. Edouard nous les désigne en même temps que sa tête, nous faisant bien comprendre de l'obligation de la porter avant de rentrer. Une fois la tête vêtue, à l'intérieur la nef est délimitée par une rangée de colonnes porteuse de la demi-voûte. Nous découvrons des inscriptions religieuses au-dessus des portes. À la voûte du chœur se lisent en français les noms des prophètes. Le nom de David est inscrit dans le Cul de four . Au-dessus de l'arche sainte est gravée quelque chose. L'Eternel-est-ma-bannière" La voix dEdouard résonne tandis que sa tête est levé vers la voûte. - "-Les 12 vitraux symbolisent les tribus d'Israel. Regardez ! Le chœur est séparé de l’assemblée par une balustrade et la Théba, c'est à dire la tribune de l’officiant est surélevée de 5 marches. Nous quittons la synagogue par la droite et arrivons dans un grand couloir doté d'un carrelage de dalle noire et blanche. Une volée de grandes ouvertures fait face symétriquement à de grandes portes de chêne. Un secrétaire d'un âge indéfini avec sa kipa et ses croles œuvre derrière un comptoir. -" In chala ! C'est pourquoi ?" - " In chala ! nous avons rendez vous avec le Rabin Bengourion ." - " Oui, prenez l'escalier à droite, premier étage, deuxième porte à gauche. Il vous attend." Nous gravissons rapidement les escaliers, impatient de découvrir le travail du Rabin. Le bureau est fortement éclairé avec ces 4 grandes fenêtres à structures métalliques noires d'un genre art-déco qui donnent sur la rue. Sur un lutrin se trouve une Tora séculaire, finement travaillée et au champ doré. Le reste du bureau et du mobilier était austère, presque confessionnal. Bengourion était à la fois éreinté mais aussi excité de sa découverte. - Ha ! messieurs, une soirée exaltante pleine de surprise. Mes confrères et moi serions impatient de retrouvé ce genre de choses. Qui vous a gravé cela ? Comment as t-il eu connaissance de tant de savoir. Ah ! Ah ! regardez ! Nous avons travaillé toute la nuit et voici... Il brandissait 5 pendentifs, 5 étoiles de David pendouillaient au bout de son bras tendu vers le plafond. - " Mon dieu, cela ressemble exactement à celui de mon père , celui qu'il portait autour du cou dans la crypte. La stupéfaction se lu aussi sur le visage de mes amis. Mais c'est lorsque je le fis passer autour de mon cou, que La sérénité m'envahit, l'apaisement se diffusa dans tout mon corps. Je me sentais détendu et reposer. Cela se voyait sur le visage de mes compagnons - " C'est un artefact qui vous protégera, il vous protégera de créature anciennes, très anciennes... On les nomme les Grands Anciens, Ils vivent dans un autre espace temps, mais ils ont un pouvoir considérable. Ce médaillon vous rendra tellement insignifiant à leurs yeux, si tenter ils en ont.., que cela vous protégera. Apres tout les périples vécus ces derniers jours, mon esprit s'était préparé à, pas forcément comprendre toutes ces choses, mais tout au moins les accepter. Je sentais ce bien être et j'étais convaincu des dires du Rabin. Je refermais ma chemise en boutonnant deux boutons afin de dissimuler ce symbole. C'est alors qu'un crissement de pneus se fit entendre dans la rue. Un accident venait d'être éviter de justesse, grâce aux réflexes de son conducteur. Mais lorsque l'on entendit les crépitements d'une arme de guerre, nous nous sommes regardés un instant. C'était le bruit de pistolets mitrailleurs et des hurlements de gens. Paul se précipita au coin d'une fenêtre pour nous lancer. - "trois voitures Allemandes, merde..." Edouard et moi étions affairés à pousser l'énorme bureau. Jean sorti un 45, qu'il arma promptement et se dirigea vers une autre fenêtre qu'il ouvrit. Il se plaqua contre le mur pour avoir un angle de tir avantageux. Les cris et hurlements se multipliaient, alors que le bruit des tirs s'approchaient. Des rafales courtes, précisent et qui semblaient distribuer avec parcimonie. Je reconnaissais la touche de professionnel, des hommes entraînés, aguerris, calme pour avoir des gestes précis. -"Y-a-t-il un autre moyen de sortir d'ici" hurla Jean au Rabin - " Mais non, la porte est la seule sortie." - " Appeler à l'aide pour que la police soit prévenu par les gens du quartier" tandis que je tentais de pousser une énorme bibliothèque. Sheila couru à la fenêtre et cria " A l'aide ! au secour ! à l'ai..." Une rafale de PM se termina dans le plafond, entraînant au passage une partie des carreaux et blessa Sheila au bras. - " Alala qu'est-ce que j'ai mal ououououo" Sheila était parterre contre le mur, et blanche comme un linge , elle tenait son bras tout en pleurnichant. -" Punaise ! qu'elle est le con qui m'a dit de faire cette connerie." La douleur faisait place à la rage. C'est bon, pensais-je, elle est sur la voix de la guérison. Néanmoins je me suis agenouillé pour m'occuper de sa blessure, et d'effectuer les premiers soins. Je sortais de ma sacoche, une petite boîte métallique. Des bruits assourdissants du 45 et du P38 éclatèrent. Paul et Edouard visaient et tiraient avec précision. La fumée épaisse et l'odeur de poudre emplirent la salle. Soudain, une arme automatique crépita derrière la porte du bureau. Une vingtaine d'éclats de bois volèrent sous une pluie de balles. Comme un seul homme, tout le monde se jeta au sol. Les tentatives pour ouvrir la porte échouèrent. Dès que les agresseurs tentaient de pousser la porte, Je tirai dedans avec de courte rafale. J'entendais nos détracteurs se jeter au sol, ils répliquaient d'une ou deux rafales dans la foulée. Apres quelques essais infructueux, mais surtout le bruit des sirènes, ils détalèrent. Paul et Edouard guettaient à la fenêtre l'arrivé de ses assassins, de ces nazis. Edouard les haïssait et il avait fait du tir sportif. Je n'aurai voulu pour rien au monde me trouver dans sa ligne de mire. Je l'observais et voyais son rictus sadique ou de plaisir, je ne saurais le dire. C'est possible, qu'il y avait les deux. Trois corps gisaient sur le pavé, les allemands tentaient de rentrer dans leurs véhicules, ramassant les corps afin délimiter les traces. Oui, c'était vraiment des pros. Les sirènes approchaient, nous avons retiré le bureau plein de débris de bois. Dans les couloirs et la synagogue, l'horreur avait fait son ouvrage. Des dizaines de corps inertes gisaient dans leur sang. des impacts de balles et éclaboussure, de viscères ou de cervelles tapissaient colonnes, murs, portes, carrelages. Des tâches noires, épaisses, tout doucement continuaient à s'étaler, grandissaient, s'écoulaient â la vitesse de la vie qui quittait ces corps. Mes yeux horrifiés, grandissant comme mon dégoût, tout me révulsait dans ces visions de boucherie, d'abattage, de mise à mort chirurgical. L'odeur me prenait à la gorge, on aurait dit un poison, et c'est le nez bouché par la main que je me suis précipité dehors. - Halte police, rester ici, nous allons prendre vos identités et vos témoignages." La rue se remplissait à vu d'œil, trois camionnettes de police stationnaient devant, des ambulances qui arrivaient, s'empilaient le long du lieux de culte. Des brancardiers, médecins, secouristes, pompiers couraient à côté de brancards vide, chargé d'un blessé ou d'un sac noir contenant un corps. Les policiers avaient formé un périmètre de sécurité, la circulation avait été dévié en amont, les journalistes commençaient à arriver. Une fois de plus, la vase allait être remuée et nous allions faire encore, les manchettes de tout Paris. Et c'était peu être la dernière fois...

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